Jeu Vidéo : La légende du pont brisé

Aucune image, mais un monde sonore décuplé et en 3D. Le jeu vidéo “La légende du pont brisé” est basé sur les réflexes auditifs. Ses créateurs viennent de recevoir un coup de pouce.

Oui, du haut de leurs 22 et 23 ans, ces Avignonnais ont été intimidés par la grande table, face à l’arc de Triomphe et entourée de jurés au CV à faire pâlir. Mais ils n’ont pas été les seuls impressionnés. Le jury de la fondation Jean-Luc Lagardère a, lui, été saisi par le projet présenté. Assez pour déclarer les Vauclusiens lauréats de la bourse 2018 “créateur numérique”. Le fruit de leur labeur s’appelle “La légende du pont brisé”, un jeu vidéo exclusivement sonore imaginé pour les malvoyants. Mais aussi destiné à tout joueur prêt à une immersion dans le quotidien des déficients visuels, un monde inconnu basé sur les réflexes auditifs. Avec casque et clavier pour seul équipement.

■Dans les rues d’Avignon en 1476

Imaginez une partie de colin maillard 3.0. Avec tout ce que la réalité virtuelle peut offrir. Aucune image, mais un monde sonore décuplé et en 3D, propulsant le gamer dans les rues d’Avignon en 1476 pour une dangereuse quête. C’est le concept.

Trois jeunes Avignonnais sont aux manettes de ce jeu si particulier : Benjamin Darmon, Romain Cavrot et Raphaël Raizon. Cette bande de copains, propulsée à la tête d’une start-up à l’automne dernier, peut aujourd’hui se targuer d’avoir séduit le jury de la fondation Jean-Luc Lagardère, comme 16 autres Français (lire ci-contre). Un oral stressant passé en septembre dernier à Paris, avant trois heures de délibérations semblant interminables. Puis, mardi soir, ils ont reçu officiellement, dans la Capitale, leur bourse de 25 000 euros. Le Graal ? Presque. Grâce à ce coup de pouce, un scénariste et un game designer devraient rejoindre l’équipe. Micros et autre matériel professionnel équiperont la pièce de travail. Qui, désormais, pourra honnêtement porter le nom de studio. Avant cela, des doutes il y en a eu. « Chaque matin », reconnaît Benjamin, designer sonore et président de la jeune pousse Interactive Design Of Sound. Les Avignonnais bûchent en plus des études, voire du travail, sur la création, et sont en quête de financeurs, depuis deux ans. « Là, c’est un vrai tremplin, au delà de la somme, cela nous a permis de débloquer plusieurs partenariats », se réjouit le jeune homme. De gagner en crédibilité. Aujourd’hui, le trio travaille avec le laboratoire de l’université d’Avignon.

■Des chercheurs pour « crédibiliser le paysage sonore »

Trois chercheurs, spécialistes de l’histoire d’Avignon et en langue, et une poignée d’étudiants apportent leur savoir pour crédibiliser le paysage sonore. « Nous ne sommes pas dans la précision historique, il y a une part de fiction, admettent Benjamin et Romain, le programmeur. Toutefois, nous voulons coller à un certain réalisme. » Les lauréats profitent également des talents d’une classe du conservatoire d’Avignon. Les élèves planchent sur la composition des musiques du jeu. De la chambre à coucher de ces gamers à l’arc de Triomphe… que de chemin déjà parcouru. Sortie du jeu prévue en 2021.

Jennifer PARISOT

Aux manettes de ce jeu pour malvoyants, mais aussi pour tout gamer prêt à une immersion dans un monde basé sur les réflexes auditifs : Benjamin Darmon et Romain Cavrot, designer sonore et programmeur (notre photo) ainsi que Raphaël Raizon. Photo Le DL/J. Pa

AVIGNON Trois Avignonnais ont réussi une prouesse : séduire le jury de la fondation Jean-Luc Lagardère à Paris

➤ Les bourses de la Fondation Lagardère, c’est quoi ? Elles soutiennent des jeunes professionnels de la culture et des médias de moins de 30 ans. Et sont remises aux projets innovants. ➤ Une chanteuse avignonnaise également lauréate Une autre Avignonnaise figure parmi les dix-neuf lauréats de la promotion 2018 : Pauline De Tarragon, alias PiJaMa. La chanteuse est la lauréate de la bourse musicien. 12 500 euros lui ont été attribués pour assurer la promotion de son premier album, “Nice To Meet U”, qui sortira en février.