Michel Hugues est un passionné de photographie. À l’invitation de l’association Valentin Haüy, il est venu parler de cet art visuel à une quinzaine de non-voyants.

Provocation ou paradoxe ? Bien au contraire !

 D’emblée, le conférencier a insisté sur le distinguo entre le visuel que reçoit l’œil et le visible qui est l’image produite dans le cerveau. Et si l’image, c’est aussi imaginer, faire une photo est beaucoup plus complexe que prendre une photo.

C’est pour cette raison que la cécité n’est pas une barrière à l’expression artistique visuelle, mais peut être un atout particulier dans la conception d’œuvres photographiques. Les photographes non-voyants travaillent le plus souvent accompagnés d’un assistant. Ce dernier décrit précisément la photo prise, qui ne sera considérée que si elle correspond aux souhaits de l’auteur. Des techniques très particulières de temps de pose, de cadrage ou d’éclairage sont utilisées pour parvenir à restituer l’imaginaire du photographe.

Mais, si le résultat peut être directement communiqué au spectateur voyant, est-ce possible de le transmettre également aux non-voyants ? Cela fait appel à l’audio description qui nécessite technique et complicité de la part du descripteur, mais, de nos jours, dans nombre de musées, des maquettes en trois dimensions permettent dorénavant de voir du bout des doigts. À l’issue de sa présentation, Michel Hugues a ainsi décrit à ses auditeurs attentifs quelques œuvres de photographes aveugles de notoriété internationale : Joao Maia, Evgen Bavcar, Gerardo Nigenda et François Montenot.

À noter d’ailleurs qu’une célèbre marque de voiture, Volkswagen a fait appel mi-2017 à un photographe non voyant, Pete Eckert, pour la promotion d’un nouveau modèle, l’Arteon.

Un savoureux goûter est venu conclure le remarquable exposé du conférencier qui, une heure durant, a su transmettre à ses auditeurs sa passion pour l’image dans toute sa complexité.